L’ordre des Antonins, fondé au XI ème siècle, est un ordre hospitalier que l’on appelait en Corse : SANT’ANTONE DI L’ALLOGHJU. A l’origine, pour entretenir leurs commanderies et hôpitaux, les Antonins faisaient l’élevage de porcs.
Au XVII ème siècle en Corse, les couvents de moines hospitaliers étaient actifs. L’un d’entre eux, situé au col de Saint Antoine et aujourd’hui en ruine, offrait l’hospitalité à ceux qui venaient la demander. A la même époque, le moine de la maison proche des ruines de la chapelle, dans la plaine de Campuloru allait quêter de porte en porte à travers villages et pieve. Il préparait chaque année pour la 17 Janvier, une grande quantité de pains qu’il distribuait aux nombreux pèlerins venus faire leurs dévotions a Saint Antoine. Ces pains avaient le pouvoir de guérir hommes et bêtes des maux de gorge. Ils avaient en outre la vertu de préserver le grain de la pourriture.
A San Lurenzu, Saint Antoine était appelé : SANT’ANTONE DI U PORCU. En effet, Sant’ Antone est le grand protecteur de la race porcine en Corse. Le 17 Janvier, le curé procédait à la bénédiction des troupeaux. A ce sujet comme à propos de sa spécialité de guérir les enfants, Saint Antoine le Grand fut progressivement supplanté à partir bu XV ème siècle par son homonyme Saint Antoine de Padoue. On reporta les processions et bénédictions pastorales au 13 Juin . . . ainsi, le culte de Saint Antoine de Padoue bénéficia des spécialités du Saint Abbé quelque peu oublié dans son triste mois de Janvier.
Sant’ Antone di mezu Ghjennaghju a donné son nom à l’ergotisme gangréneux et plus tard au zona. D’une manière populaire, on appelle cette maladie : le feu de Saint Antoine ». Lorsque les corses invoquaient le Saint plus spécifiquement pour ce mal, ils l’appelaient : « SANT’ANTONE DI U FOCU »
De Nombreuses confréries étaient placées sous la protection de notre Saint. Celle de Calinzana faisait ses dévotions dans l’oratoire de Santa Croce. Sa vocation était placée sous le signe de la charité et de la solidarité. Au XV ème siècle, ses membres furent investis de la mission de « paceru » pour réconcilier des ennemis. En cas de disette, ils prêtaient le grain de semence aux plus démunis.
Si l’on connaît la réputation des oranges d’ Aregnu, celles bénies le 17 Janvier ont la réputation de se conserver longtemps. Toute la population des villages voisins se joint aux habitants d’Aregnu pour participer à la procession : après la messe, on porte la statue du Saint toute décorée de bouquets de fleurs d’oranger à travers les ruelles du village. Et puis on raconte aux nouveaux venus comment les oranges de Saint Antoine, un jour, évitèrent miraculeusement une catastrophe. Alors qu’on était entrain de fondre du bronze pour préparer une cloche, la voûte du four se fendit. On apporta des oranges bénites qui, placées à l’entrée du four arrêtèrent aussitôt la menace d’effondrement.
– « Sant’ Antone di Mezu Ghjenaghju
Stacca l’agnelli è faci u casgiu ! »